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Palais de Justice
Douai
Une occasion historique
La confrontation avec la Justice est une expérience qui rompt forcément avec le cours habituel de la vie. Dans quelle mesure et jusqu’où l’architecture peut-elle agir sur notre comportement, apaiser ou exacerber nos sentiments ? La convention veut que la solennité, l’ordre et la rigueur de l’architecture soient là pour signifier l’autorité de la Justice. Pour le justiciable ou pour celui qui demande justice, soumis à l’épreuve de sa vulnérabilité, ne doit-on pas attendre de l’architecture qu’elle soit bienveillante, qu’elle apaise les effets d’une violence subie ?
Lire la suite : Palais de Justice de DouaiL’architecture doit signifier. Elle doit parler, raconter, interroger : un site, un programme, des personnes, une histoire. Elle est affaire de spécificité. Car l’architecture, c’est l’art de la conjoncture.
Entre ville et rivière, notre parcelle se dessine. Le Palais de Justice de Douai, peu lisible est en quête d’une identité. Les enjeux sont de redonner sens et cohérence à cet équipement.
L’emplacement stratégique de la nouvelle parcelle permet de développer un projet phare, porteur d’une identité forte. Un repère urbain symbole des enjeux d’un édifice public. Le fait de travailler à partir d’un existant conditionne et questionne les différentes problématiques du programme. Dans un premier temps, il nous faut objectivement analyser et déterminer son réel potentiel architectural. Le terrain qui nous est octroyé dispose de vraies qualités. Sa topographie et sa situation géographique induisent les grandes orientations du projet.
Lorsqu’un site procure une certaine émotion, se pose encore plus la question de la pertinence de l’intervention. Faire de l’architecture c’est améliorer, enrichir une situation de départ. Respecter ce n’est pas disparaître, c’est révéler, retranscrire et magnifier l’émotion première.
La vérité de ce projet est dans la contemplation et la restitution de son environnement. Il trouve sa force, sa richesse par l’intermédiaire de ce qu’il donne à voir.
Les enjeux du projet sont ainsi clairement exprimés :
– Donner une nouvelle identité et retrouver une unité architecturale, une certaine cohérence, en partant d’un héritage patrimonial datant de 1714 et d’une extension datant de 1978.
– Simplicité, lisibilité du bâtiment et clarté du fonctionnement.
– Mise en évidence du caractère exceptionnel de La Scarpe.
La déclivité permet un travail sur la notion de sol. Depuis la rue de la Cloris, le bâtiment offre une large percée visuelle horizontale qui relie la rue, le hall, la salle des pas perdus, la Scarpe. Orientée plein sud, la salle des pas perdus devient belvédère et offre une vue magnifique sur la Scarpe. Ce projet n’est pas simplement posé sur le sol, il fait corps avec la région elle-même et se révèle à nous en descendant vers la Scarpe, jusqu’à toucher l’eau. L’idée centrale est d’accentuer cette sensation de découverte progressive et d’ancrage terrestre de ce palais de justice minéral. La coupe ainsi mise en place raconte cette idée fédératrice du projet.
Véritable césure horizontale le nouveau bâtiment se soulève et relie visuellement les éléments du programme avec l’environnement alentour et sculpte le vide pour dynamiser l’espace public. Le socle minéral, véritable ancrage urbain au sol de la ville, vient englober les bâtis et installe une cohérence entre l’extension et l’existant. Ce « socle actif », qui englobe le bâti existant, permet d’accompagner le piéton et de définir ainsi une échelle humaine. La salle des pas perdus est visuellement un prolongement direct de l’espace public. De cette épaisseur minérale, émerge l’étage des deux nouvelles salles d’audience, entièrement habillé d’un « drapé » métallique constitué de tôles pliées perforées en inox. Entre les deux, l’air, le vide et la transparence sur la Scarpe et le Palais Pollinchove, ancien parlement de Flandres en 1714.
Le volume des nouvelles salles d’audience est le lieu privilégié de la dramaturgie judiciaire. Nous avons voulu les baigner de lumière, réussissant à les ceindre de vitrage sur leur périmètre haut. Placées afin de préserver la confidentialité, les verrières permettent cependant de rendre présentent la réalité extérieure pour interdire la simulation théâtrale ou l’angoisse liée aux salles sombres où le justiciable pourrait se sentir condamné avant d’être jugé.
Le sol de la salle des pas perdus, métaphore d’un paysage naturel creusé par l’eau, nous révèle ainsi une richesse cachée dans sa base. Deux mondes cohabitent : celui du dessus et celui du dessous. Deux univers et deux matérialités, le minéral et le métallique, le lisse et le plissé, le mat et le brillant. Cette dualité met en tension les vides, les creux et offre une grande qualité spatiale. La mise en scène de la rivière et de vouloir rendre à ce Palais son caractère d’exception en replaçant en son cœur son patrimoine naturel et construit que représentent la Scarpe et le Palais Pollinchove.
Notre projet s’est finalement construit en écho au paysage environnant. Il est le révélateur, le carrefour des différents éléments constitutifs du site. Cette mise en scène d’une approche rationnelle et très précise des usages dans toutes les dimensions du projet engendrent un bâtiment né de l’hybridation de tous les paramètres urbains et programmatiques.
Un point de contact et d’échanges … un véritable bâtiment public.
Programme
Restructuration et extension du Palais de Justice de Douai (cour d’Appel et Tribunal de Grande Instance) : salles d’audience (Assise et Correctionnel), salle des pas perdus, bureaux et accueil
Lieu
Palais de Justice
Douai
Calendrier
Livraison en 2020
Maîtrise d’ouvrage
APIJ
Maîtrise d'œuvre
Architecte mandataire : Hamonic+Masson & Associés
Bureaux d’études techniques
TCE : Scoping, acoustique : JP Lamoureux, graphisme : Luxigon, HQE : Cap Terre
Photographe
Takuji Shimmura
Coût
7,6 M € HT
Surface
2 000 m²
Démarche environnementale
Bâtiment Basse Consommation
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