A la Maison de l’Architecture, nous avons toujours eu besoin d’élargir le spectre du monologue réciproque maîtrise d’œuvre /maîtrise d’ouvrage pour s’adresser à un public plus large, dans des expositions, des installations, des publications. Ces formules plus ou moins légères, en tout cas non assujetties à des pressions extérieures, ont été des laboratoires de recherche et des territoires d’expression.
Avec ce nouvel opus AK, l’objectif est d’encourager le débat, la prise de parole et la confrontation sur des sujets d’actualité.
Après AK#01 voici le moment de AK#02.
Après la petite enfance il y a un mois, nous allons maintenant débattre sur le logement.
Aujourd’hui en France, huit millions de personnes ont des difficultés à se loger. La moitié, (soit quatre millions !) sont mal logées ou sans abris.
Par rapport à cette urgence, sommes nous condamné à reproduire des standards les moins chers pour y loger le plus grand nombre ? Sommes nous condamnés à construire plus avec moins ? Sommes nous condamnés à jouer les faire-valoir d’un nouvel « world urbanisme » à la Française au sein de ZAC à macro-lots, reproductibles à l’identique que l’on soit à Boulogne, Le Havre, Bordeaux ou Marseille ? En plus de la négation d’un territoire diversifié, cette approche urbaine ne produit-elle pas des logements tous identiques dans leurs typologies ?
Aurions nous oublié notre capacité d’inventer ? Notre French Flair ?
En parcourant notre patrimoine architectural des années 70, que connaissent par coeur nos amis Hollandais et Danois, il m’arrive de me demander d’ou vient cette amnésie ? Ces architectes que nous pourrions appeler les « oubliés volontaires de l’architecture » pour paraphraser Koolhaas, nous ont légué quelques uns des plus incroyables bâtiments de notre architecture: “Marina Baies des Anges” à Nice de Minangoy, “La Grande Motte” de Balladur, ou les opérations de Jean Renaudie et Renée Gailhoustet à Ivry.
Vous allez me dire qu’aujourd’hui ce n’est plus pareil, le prix du foncier, les normes etc… tout est différent. Peut-être mais cela n’explique pas tout. Les normes existent partout dans le monde; l’ambition et un projet de ville pour demain surement pas !
Réinventer l’habitat, n’est-ce pas refondre la cité ?
